Le Pass Rail, comment ça marche ?
Depuis le 05 juin, les jeunes de 16 à 27 ans peuvent se acheter un Pass Rail sur l’application SNCF Connect ou la plateforme Trainline en échange d’un abonnement de 49 euros par mois. Ce Pass offre un accès illimité à bord des TER, Intercités et trains de nuit durant tout le mois de juillet et d’août. La réservation de billets est tout de même nécessaire mais ne coûte pas un euro de plus, à l’exception des trains couchette pour lesquels il faut débourser 19,5 euros. Seuls les billets de seconde classe sont inclus dans le Pass.
A noter cependant, l’offre n’inclut qu’un seul trajet par jour au départ de la même ville et la réservation de six billets simultanés à venir maximum, comme indiqué sur le site du Ministère ou sur le site de la SNCF. Il n’est pas possible, non plus, de réserver des billets pour deux trains circulant simultanément.
Pourquoi le mettre en place ?
L’offre proposée par le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires et le Ministère des Transports, déployée en partenariat avec 12 régions, s’inscrit dans la politique gouvernementale de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que dans le cadre du plan ferroviaire. L’objectif ? Inciter les jeunes à favoriser des modes de transport plus respectueux de l’environnement, plutôt que l’avion ou la voiture, via une tarification plus avantageuse.
Remarquons néanmoins que le dispositif, annoncé par le président de la République lors d’une interview avec le journaliste Hugo Travers (dit Hugo Décrypte) le 4 septembre 2023, et confirmé par M. Clément Beaune, alors ministre des Transports, devait initialement offrir à tout voyageur l’opportunité de voyager de façon illimitée sur l’ensemble du territoire via le réseau de trains régionaux (Intercités et TER), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Un Pass Rail moins ambitieux que prévu
Le Pass Rail tel qu’il existe aujourd’hui en France est seulement disponible pour les jeunes âgés de 16 à 27 ans, à la différence de l’Allemagne qui permet, pour le même tarif, à tous ses citoyens d’en bénéficier. Outre-Rhin, un tarif réduit à 29,40 euros par mois est même accessible aux étudiants depuis le printemps.
Autre différence notable par rapport à la proposition initiale, le service n’est valable que du 1er juillet au 31 août sur l’ensemble du territoire, à l’exception de l’Île-de-France dont la région a refusé de faire partie de la phase d’expérimentation mais qui pourrait intégrer le dispositif dès 2025 si celui-ci est renouvelé. Concrètement, les trains reliant deux gares d’Île-de-France ne sont pas inclus dans l’offre, mais le dispositif permet tout de même de réserver des trains au départ ou à destination de l’Île-de-France.
Le Pass Rail au coeur d’un bras de fer avec les régions
Les ambitions du gouvernement ont donc été revues à la baisse. La raison ? Un bras de fer avec les régions, qui craignaient un surcoût financier et un phénomène de congestion à cause d’une mauvaise régulation du flux de voyageurs. C’est le risque de “réduire les prix sans augmenter le nombre de sièges en proportion suffisante” comme l’expliquait Julien Joly, spécialiste des transports au sein du cabinet de conseil Wavestone, dans une tribune publiée dans Le Monde en mars 2024.
Pour ce qui est du financement enfin, la mise en place d’un tel Pass nécessite une enveloppe de 13 millions d’euros. Largement inspiré du service allemand financé à parts égales par l’Etat fédéral et les Länder, le Pass Rail français sera, quant à lui, financé à 80% par l’Etat français et à 20% par les régions partenaires. L’Etat espère vendre 700 000 abonnements, dont les recettes seront redistribuées aux collectivités locales à hauteur de 85%. Pour donner un ordre d’idée, c’est 10 fois plus d’abonnements que pour le « Pass jeune TER » proposé en 2020-2021.
Loin de l’ambition première qui était d’inciter économiquement l’ensemble des Français à opter pour le train, ce Pass Rail 2.0, actuellement en phase de test, pourrait néanmoins être amené à évoluer dans les prochaines années, et à s’étendre à une plus grande part de la population française. Affaire à suivre donc.