Du 11 au 12 juin 2024 se tenait à Paris le salon Biomim’expo. À l’occasion de la 8ème édition de ce grand rassemblement des acteurs et des approches qui s’inspirent de la Nature, nous avons décidé de vous présenter les innovations inspirées du biomimétisme qui nous ont le plus marquées. Et aujourd’hui, le biomimétisme a bien sa place dans tous les domaines : dans le secteur médical, agricole, des cosmétiques…
Genodics, quand la musique fait pousser les plantes
Qui a dit que les plantes n’aimaient pas la musique ? Certainement pas Genodics, qui a mis au point une technologie révolutionnaire basée sur le procédé génodique. Cette science explore les effets des mélodies sur les organismes vivants. Le concept est simple mais innovant : diffuser de la musique pendant quelques minutes par jour. Les fréquences musicales utilisées sont similaires aux ondes sonores biologiques. Cette approche, qui est l’une des innovations inspirées du biomimétisme, permet de stimuler les plantes. En effet, cela renforce leur métabolisme naturel. Leur résistance aux maladies et aux conditions climatiques défavorables (chaleur, stress hydrique et gel) est aussi améliorée. Genodics propose l’installation de ces P-Box, des appareils autonomes alimentés à l’énergie solaire et résistants aux intempéries, dans les champs de viticulture, d’arboriculture et de maraîchage.
Mon Miracle, les soins pour la peau miraculeux à partir d’algues
Mon Miracle est une marque de cosmétiques naturels et vegans. Ces produits issus des innovations inspirées du biomimétisme sont conçus dans le respect de la biodiversité marine, à partir de cinq variétés d’algues brunes. Ces macro-algues sont d’abord récoltées en plongée sous-marine au large des Sables d’Olonne. Puis, combinées à de l’eau de mer, elles sont à l’origine de formules végétales puissantes. Elles apportent tous les oligo-éléments dont notre peau a besoin besoin pour être en bonne santé. La recette ancestrale des produits, transmise depuis le 19e siècle, promet des résultats miraculeux grâce à des ingrédients adaptés à tout type de peau.
Véritables alliées de notre peau, boosters de peaux fatiguées, purifiantes, hydratantes et protectrices des rayons UV, les algues se présentent comme un ingrédient de soin par excellence. Dans la continuité de son engagement éco-responsable, cette marque propose des emballages consignés et conçus à partir de déchets ramassés sur les plages.
Afyren, les actifs biosourcés
Aujourd’hui, 99% des produits que nous consommons sont fabriqués à partir de molécules issues de la pétrochimie. Afyren apporte une révolution avec ses molécules biosourcées de substitution, symbole des innovations inspirées du biomimétisme. Grâce à une technologie de fermentation innovante à faible impact carbone et utilisant des déchets organiques, Afyren transforme ces déchets en acides. Ces acides, issus de biomasse non concurrentielle des filières alimentaires, ouvrent la voie à des produits plus durables et écologiques, allant des cosmétiques aux médicaments, en passant par l’alimentation humaine et animale, et même les montures de lunettes. Ces procédés de transformation sont non seulement respectueux de l’environnement, mais aussi très économes en énergie. Cette approche permet à l’entreprise de s’inscrire pleinement dans une démarche écologique.
Par cette technologie innovante de chimie verte inspirée du vivant, cette entreprise trace la voie des ingrédients de demain, utilisables à l’échelle mondiale en se basant sur les productions locales, comme la betterave.
Kadalys, fruit de la bio-innovation
La banane est le fruit le plus largement cultivé au monde et soumis à des règles strictes en matière de qualité. Ces normes sont telles que 20% de la production mondiale est écartée de la consommation et que les co-produits (troncs, fleurs, feuilles) de la culture sont souvent très peu valorisés. C’est pourquoi la marque Kadalys a eu l’idée de développer la filière du « surcyclage » ou upcycling, dans la culture des bananes. L’idée est simple : utiliser les fruits martiniquais écartés du circuit de consommation, de la plantation au supermarché, pour les valoriser et éviter que plus de déchets ne s’accumulent sur notre planète.
Engagée pour ses travailleurs et pour un commerce équitable, cette marque propose ainsi des cosmétiques biologiques innovants conçus à partir de Bio-actifs Banane, dont les propriétés pour la peau sont démontrées depuis des années par des tests scientifiques et des études cliniques. Le recyclage et l’économie circulaire sont au cœur de la recherche qui s’appuie sur les principes non polluants de l’éco-extraction et de la chimie verte. Des produits de qualité, issus de l’économie circulaire et aux formules naturelles saines pour notre corps et la planète.
Dionymer, la solution circulaire pour les biopolymères
L’immense majorité des matériaux polymères produits chaque année à l’échelle mondiale provient de l’industrie pétrochimique. Pourtant, d’autres alternatives sont possibles, comme le prouve Dionymer. Cette entreprise s’est donnée pour mission de valoriser les déchets organiques en polymères biodégradables, offrant ainsi une solution bas-carbone pour remplacer les plastiques pétrochimiques nuisibles. Cette technologie utilise des bactéries capables de transformer les déchets compostables en matériaux plastiques biodégradables. Ce procédé innovant permet de valoriser les déchets organiques. Cela réduit ainsi la dépendance au pétrole et diminue l’impact environnemental de la chaîne d’approvisionnement. En s’inspirant du vivant, Dionymer propose ainsi une solution écologique qui bénéficie à diverses industries, notamment l’agro-alimentaire, l’agriculture, les collectivités et la restauration collective.
Botanickel, ou comment faire pousser du nickel
L’activité de Botanickel consiste à extraire du nickel de la terre sur le modèle d’une activité agricole. Elle est conçue comme une alternative crédible et responsable pour produire du nickel et approvisionner l’industrie de l’acier inoxydable. Reposant sur le super-pouvoir des plantes hyperaccumulatrices, le principe est quadruple :
- Dépolluer et valoriser des sols naturellement riches mais à faible rendement agricole du fait de la présence de nickel
- Produire de l’énergie grâce à la biomasse (chaleur en premier lieu et électricité ensuite)
- Récupérer et valoriser du nickel extrait à destination des aciers inoxydables
- Produire des engrais biosourcés
Concrètement, cette approche peu coûteuse et novatrice confère aux territoires exploités l’opportunité de réaliser une grande plus-value. Assistons-nous à l’émergence du leader du nickel biosourcé de demain ? Affaire à suivre.
Gaïarta, la voile qui donne des ailes
Christophe Sachs, à l’initiative de la voile SolariSails, a un objectif clair : mettre le cap sur un futur régénérateur en créant un navire qui nous reconnecte à la nature. La voile de ce bateau, inspirée des organismes photosynthétiques et des ailes de libellules, allie leur structure innovante, leur processus de génération et symbolise l’adaptativité pour créer une solution véritablement régénérative.
Conçue pour avoir un impact positif tout au long de son cycle de vie, cette voile permet au bateau de relever un défi énergétique majeur : atteindre une autonomie totale. Pour démontrer cet objectif ambitieux, le bateau naviguera de Venise à Sydney. Durant une période de neuf mois, les passagers n’utiliseront aucun combustible fossile. L’énergie solaire, captée par des panneaux photovoltaïques intégrés à la voile, fournira toute l’énergie nécessaire à ce voyage. Le projet SolariSails intègre ainsi trois aspects fondamentaux du biomimétisme : apprendre des techniques et des idées inspirées par la nature, comprendre la sagesse de ses processus, et apprécier la beauté de celle-ci.
Skincasts, les attelles du futur
Pour remplacer le plâtre traditionnel qui présente de nombreux inconvénients (démangeaisons, non amovible et malléable et jetable), la start-up Skincast s’est spécialisée dans l’impression d’attelles en 3D sur mesure. Cette innovation inspirée du biomimétisme, confortable et respirante, s’adapte parfaitement à de nombreuses parties du corps et à chaque personne. Basées sur la structure de l’os humain, ces attelles ultra-légères sont conçues à partir d’amidon de maïs. Leur capacité à permettre le passage des ondes et à être utilisées dans l’eau, facilitant ainsi une rééducation anticipée, notamment pour les sportifs, représente un avantage majeur pour la rééducation.
Symbole d’une prise de conscience écologique dans le domaine de la santé, ces attelles sont biosourcées et 100% recyclables. Une fois récupérées, elles peuvent être broyées pour leur donner une seconde vie, réduisant ainsi leur impact environnemental.
Molocan, les capteurs d’eau au service du vivant
Vainqueur du Biomim’Challenge 2020, Molocan développe un projet de captation d’eau. Il vise à adapter nos villes aux défis du dérèglement climatique : préserver la biodiversité et notre santé face à un risque de sécheresse croissant et à l’épuisement de la ressource en eau. Le projet propose de récupérer l’eau provenant de 3 sources : eau de pluie, humidité de l’air et condensation sur les parois internes de la structure. Le système bio-inspiré de la pomme de pin, du scarabée de Namibie et de la peau du Moloch (lézard australien) permet de créer des structures autonomes en eau. L’eau récupérée sera mise à disposition de services publics pour l’arrosage des espaces verts par exemple. Molocan aspire même à participer à des projets sociétaux engagés comme le développement d’une agriculture urbaine autonome pour les populations des pays à fort stress hydrique.
FinX, comme un poisson dans l’eau
Le monde nautique n’échappe pas au défi du siècle : concevoir des transports propres et durables. Et parce que la nature a créé ce qu’il y a de plus optimisé, FinX s’en est inspiré pour concevoir les bateaux à moteur responsables de demain. Cette start-up innovante a mis au point les premiers moteurs de bateau à nageoire, utilisant une membrane ondulante inspirée des mouvements de la méduse et de la baleine.
Ces moteurs bio-inspirés se présentent ainsi comme des alternatives durables aux moteurs thermiques traditionnels, polluants et particulièrement bruyants pour les écosystèmes. Ceci est permis par l’absence d’hélice qui assure une cohabitation paisible avec la biodiversité marine. En outre, elle permet jusqu’à 30% d’économie d’énergie par rapport à un bateau équipé avec une hélice traditionnelle propulsé à la même vitesse.
Purenat, l’alternative aux filtres à charbon
Décarbonation, intégration, révolution… ou comment décrire cette technologie textile dépolluante et bio-inspirée. Alternative durable aux filtres à charbon actif, le textile Purenat aspire la pollution ambiante sans noircir. Les intérieurs disposent ainsi d’un air purifié. Grâce à sa propriété malléable, le textile s’intègre facilement à tout type de produit dans tous les secteurs industriels comme tertiaires. De l’habitacle des voitures aux cabines des avions, Purenat offre le champ des possibles. L’une des innovations inspirées du biomimétisme les plus prometteuses…
CorWave, quand les poissons sauvent des vies
L’insuffisance cardiaque est un enjeu de santé publique dont souffrent 60 millions de personnes dans le monde. Pour y répondre, voici CorWave, une pompe cardiaque qui ondule tel un poisson. L’objectif ? Se baser sur ce qui se fait déjà très bien dans la nature, comme toutes les innovations inspirées du biomimétisme. Cela permet de proposer des pompes plus petites et économes en énergie qui restaurent le débit sanguin. De plus, elles préservent la pulsatilité du cœur natif grâce à l’ondulation des membranes. Résultat : une technologie d’assistance cardiaque innovante et révolutionnaire qui sauve des vies.
Apilace, les montres reines des abeilles
Ce n’est pas un hasard si l’abeille est le symbole d’Apilace. C’est un hommage rendu de la plus belle des manières par son créateur Louis Desnoyers à ses origines apicoles. Les montres Apilace sont inspirées de structures naturelles (nids d’abeilles, toiles d’araignées ou encore des structures moléculaires et osseuses). Elles allient ainsi prouesse technologique (coloration du titane avec de l’électricité), respect de la nature (matières bio-sourcées) et esthétique avant-gardiste. Composantes essentielles du luxe responsable de demain ? Affaire à suivre.
Écrit par Léonie Fontaine et Justine Néry