Que ce soit pour le transport, la production ou notre mode de vie au quotidien, nos sociétés industrialisées sont très gourmandes en énergie. S’affranchir des énergies fossiles pour leur fonctionnement requiert de décarboner totalement notre mix énergétique en y rendant plus présents les énergies renouvelables (EnR) basées sur le rayonnement solaire, le vent, l’eau, la chaleur… mais aussi d’aller vers plus de sobriété et d’efficacité.
La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français devrait dépasser la barre des 50% en 2050
En France, le mix énergétique est dominé par le nucléaire et les énergies fossiles (par ordre d’importance, pétrole, gaz, charbon, tous importés). Les énergies renouvelables représentaient ~14% de ce mix énergétique en 2022. La part des EnR devrait dépasser 50% en 2050 d’après les scénarios du Réseau de Transport d’Electricité (RTE).
En 2022, une grosse part du mix énergétique a été utilisée pour les transports (34%), pour les résidences (28%), l’industrie (18%) et le secteur tertiaire (17%).
Même si les énergies renouvelables sont en développement, la part des investissements des multinationales de l’énergie qui leur est attribuée reste encore nettement moins importante que celle allouée aux énergies fossiles.
De plus, la décarbonation de l’énergie produite se fait parfois aux dépens de certaines limites planétaires, telles que l’intégrité de la biosphère, le changement d’usage des sols et l’eau douce.
Zoom sur le solaire au sol
Plusieurs projets d’ampleur soulèvent actuellement des mobilisations, parmi lesquels :
- 78 ha pour une centrale hybride solaire-hydrogène à Prospérité (973, Guyane) par Hydrogène de France,
- 19 ha à Tour-de-Faure dans le Parc naturel régional des Causses du Quercy (46, Lot) par TotalEnergies,
- 17 ha sur la montagne de Lure à Cruis (04, Alpes de Haute-Provence) par Boralex, un projet parmi beaucoup d’autres sur ce lieu,
- 320 ha répartis en 14 projets en vallée de Buëch (05, Hautes-Alpes).
Ainsi, les inquiétudes ne portent donc pas sur la production d’énergie solaire elle-même, mais sur les autres points communs des projets :
- Le changement d’usage des sols (et de régime hydrique) de surfaces conséquentes,
- Ce sont des zones remarquables : forêts, parc naturel, Géoparc ou réserve de biosphère de l’Unesco,
- Des espèces animales et végétales, protégées ou non, bien ou peu connues, peuvent être impactées par les travaux, et la perte d’habitat et sa fragmentation
Des alternatives existent
D’autres options existent pour produire de l’énergie solaire sans sacrifier des hectares d’habitats naturels et perturber les écosystèmes, comme :
- Installer les panneaux solaires en priorité sur les toits des bâtiments industriels, parkings, services publics, résidences.
- Utiliser des surfaces déjà artificialisées pour les centrales au sol. C’est le cas notamment de la plus grande centrale urbaine d’Europe à Bordeaux Lac (60 ha) qui couvre une ancienne décharge.
En 2022, 5 Etats membres de l’UE (Autriche, Belgique, Lituanie, Luxembourg et Espagne) ont demandé à la Commission Européenne, entre autres, de rendre obligatoire l’installation de panneaux photovoltaïques sur les administrations, installations industrielles, supermarchés, toits plats, et de rendre normale leur installation sur les maisons neuves et rénovées.
Proposition de la Commission Européenne : imposer l’installation pour les bâtiments commerciaux et publics d’ici à 2026-2027, et pour les résidences d’ici à 2029.
Deux outils complémentaires efficaces sont aussi à notre disposition :
- La sobriété dans la consommation directe d’énergie, mais aussi dans la consommation de biens qui nécessitent de l’énergie pour leur production (méthode BISOU, 5R…)
- Exiger une politique de rénovation des bâtiments pour augmenter leur efficacité énergétique.
Changer son mode de transport ou de banque, ou végétaliser son alimentation font aussi avancer le schmilblick !