La COP29 accouche d’un accord dans la douleur

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PAR Marina Yakovlev

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20min de lecture

Climat

SOMMAIRE

Avec deux jours de retards, la COP29 vient de se terminer en Azerbaïdjan. Surnommée la “COP des financements climatiques”, elle avait pour mission principale de fixer un nouveau montant d’aide pour aider les pays en développement à s’adapter aux effets du changement climatique et à investir dans la transition écologique et les énergies bas carbone. Une aide urgente alors que les pays de l’hémisphère sud sont les premiers à subir les effets du changement climatique. Ils sont également les plus vulnérables, et les moins responsables.

Après deux nuits de prolongation à la COP29, les pays les plus vulnérables se sont résignés à accepter l’engagement financier proposé par les pays développés. Un montant bien en deçà de leurs attentes, jugé comme un “affront” par le négociateur des Îles Marshall. Le texte final est d’ailleurs déjà critiqué par de nombreux acteurs et pays qui déplorent son manque d’ambition, à l’instar de l’Inde, de la France, du Malawi, et du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

J’avais espéré un résultat plus ambitieux – tant sur le plan financier que sur celui de l’atténuation – pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés. […] Il doit être honoré dans son intégralité et dans les délais impartis. Les engagements doivent rapidement se transformer en liquidité. Tous les pays doivent s’unir pour faire en sorte que ce nouvel objectif soit atteint.

Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, lors de la clôture de la COP29

Un échec qui s’explique pour certains par la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, inexpérimentés pour mener des négociations aussi conséquentes entre près de 200 pays. “La présidence est incompétente, c’est le chaos total”, confie à l’AFP un négociateur occidental. Outre son manque de professionnalisme, l’Azerbaïdjan a également été pointé du doigt pour son appétence pour les énergies fossiles et pour son non-respect des droits humains, ce qui a poussé certains pays, comme la France ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à boycotter le sommet international.

Etat des lieux de la lutte contre le changement climatique

Hausse des températures : où en est-on ?

En 2015, lors de la COP21, les Etats du monde entier se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à +2°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, et à tout pour faire pour ne pas dépasser les +1,5°C. Où en est-on, presque 10 ans plus tard ?

Alors que le réchauffement climatique est de +1,2°C par rapport à l’ère préindustrielle, et que pour la première fois la température moyenne mondiale pourrait très probablement dépasser les +1,5°C en 2024, l’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat semble de plus en plus utopique. Selon le Climate Action Tracker, le monde se dirige actuellement vers un réchauffement de +2,7°C (voir +3,4°C) d’ici 2100. Une estimation qui fait écho à celle réalisée par l’ONU qui prédit un réchauffement de +3,1°C d’ici la fin du siècle, si les pays poursuivent leurs politiques climatiques actuelles.

2024 est en passe de devenir la première année où le réchauffement dépassera la barre symbolique des +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle | Source : Copernicus Climate, ECMWF. NB : le chiffre pour 2024 est une estimation provisoire basée sur les températures des 10 premiers mois de l’année.

Alors tout est foutu ? Pas exactement. Comme le rappelle le GIEC dans le 2ème volet de son 6ème rapport, chaque dixième de degrés compte. Chaque fraction de degré que l’on évite permet de nous éloigner des scénarios apocalyptiques qui menacent la vie sur terre, comme la disparition de Paris sous les eaux.

“Toute retard signifie la mort […] Chaque fraction de degrés compte”

Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, lors de la sortie du 2ème volet du 6ème rapport du GIEC

Qu’en est-il des engagements climatiques des Etats ?

Une semaine avant l’ouverture de la COP29 en Azerbaïdjan, et alors que les pays ont jusqu’à la fin du mois de février 2025 pour actualiser leurs plans climatiques (Contribution déterminée au niveau national), GreenUnivers et François Gemenne ont publié un classement international des efforts des 23 pays les plus riches en matière climatique pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat. En tête du classement l’Autriche, suivi de l’Allemagne et de la Suisse. L’Islande, la Norvège, le Danemark et la Finlande, souvent érigés en modèles de la transition écologique, se retrouvent dans le ventre mou du palmarès (respectivement aux 8e, 10e, 11e et 12e rangs), derrière l’Espagne (5e) et la France (9e).

Classement des pays selon leurs engagements climatiques sur la base de 6 critères (émissions actuelles, émissions projetées, objectif net zéro, adaptation au changement climatique, moyens de mise en œuvre, dont le soutien aux pays en développement, et transparence multilatérale) | © GreenUnivers

Un autre outil, la Pledged Warming Map, développé par Paris Equity Check, permet de visualiser ce que représentent les engagements climatiques actuels des différents pays pour le réchauffement climatique. Un simple coup d’œil confirme le retard de la plupart des pays développés et des pays pétro-gaziers.

Visualisation de la Pledged Warming Map

Financements : un accord trouvé “dans la douleur”

Un montant jugé “inacceptable”

Des activistes, à la COP29, demandent aux pays riches, responsables du chaos climatique, d’augmenter l’enveloppe budgétaire. – © Sean Gallup / Getty Images / via AFP

Les pays riches proposaient initialement 250 milliards de dollars par an d’ici à 2035 pour financer l’action climatique dans les pays en développement, soit deux fois et demi plus que l’engagement actuel de 100 milliards de dollars par an (qui n’a été atteint qu’une seule fois, en 2022). Un montant jugé inacceptable par ces derniers, notamment les pays africains, qui demandaient entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an aux pays historiquement responsables du changement climatiques, pour les aider à sortir des énergies fossiles et à s’adapter au changement climatique.

“Nous ne demandons que 1% du PIB mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies ?”

Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama

Après des heures de négociations tendues, durant lesquelles les petits États insulaires et les pays les moins développés sont même allés jusqu’à claquer la porte d’une réunion, ce montant a été revu à la hausse. L’Union européenne et 23 pays développés, désignés en 1992 comme responsables historiques du changement climatique, devront finalement fournir au moins 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 aux pays en développement. Un montant fustigé par les pays les plus pauvres, les ONG et les pays en développement, qui espérait deux fois plus. À cela s’ajoute l’inflation, qui vient diminuer l’effort financier réel.

“Le montant proposé est lamentablement faible. C’est dérisoire”

Chandni Raina, négociatrice de l’Inde

Les 45 pays les moins avancés (PMA) et le groupe d’une quarantaine de petits États insulaires ont également obtenu qu’une part de l’aide financière leur soit explicitement réservée, contre l’avis d’autres pays africains et sud-américains. L’accord final anticipe ainsi à 2030 l’objectif de tripler les financements, essentiellement publics, qui passent par des fonds multilatéraux où ils sont prioritaires. De plus, si aujourd’hui 69 % de la finance climatique est constituée de prêts, l’accord prévoit la production d’un rapport en vue de la COP30 à Bélem, en novembre 2025 au Brésil, sur la manière de démultiplier la finance climatique, en vue d’augmenter les dons, notamment en faveur des PMA et des pays insulaires.

Qui va payer ? Où trouver l’argent ? La question épineuse des financeurs

Qui va payer ? Où trouver l’argent ? Alors que les pays européens sont sous pression budgétaire et politique, et que les Etats-Unis va bientôt entrer dans une nouvelle ère Trump, la question épineuse des financeurs se pose.

L’accord final prévoit ainsi que “les pays développés montrent la voie” pour atteindre le montant fixé par l’accord en mobilisant des fonds publics. L’effort des pays développés pourra donc être complété par des investissements privés qu’ils mobilisent ou garantissent, ou par des ”sources alternatives” comme des taxes mondiales par exemple.

Quels secteurs économiques doivent contribuer à ces financements ? À quelle hauteur ? Selon quels critères ? Si la COP29 a permis de faire émerger des pistes (taxes mondiales sur les plus riches, sur l’aviation, sur le transport maritime, …), la question reste encore en suspens.

Face au mur d’investissement de la transition écologique, la tendance est à la recherche de financements innovants. Un groupe de travail sur les « taxes de solidarité » a été lancé en 2023. Mené par la France, le Kenya et la Barbade, il a donné ses premières orientations lors de la COP29. Il propose notamment des taxes sur le transport maritime (de 150 à 300 € la tonne équivalent CO2) et aérien international (via le kérosène et les billets luxe pour les grands voyageurs). D’autres taxes plus novatrices ont été proposées : une taxe sur les cryptomonnaies, une taxe sur la production de plastique et une taxe annuelle de 2% sur la fortune des 3 000 milliardaires dans le monde (notamment soutenue par le Brésil).

Autre question restée en suspens : la Chine, Singapour et les pays du Golfe doivent-ils être considérés comme des pays développés ou bien des pays en développement ? Pour l’Union européenne, les Etats-Unis et certains pays du Sud, la question ne se pose pas : ces pays doivent contribuer au financement de l’adaptation au changement climatique des pays les plus pauvres. Ce qui sous-entend de revoir la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés, ce à quoi la Chine s’oppose fermement. Et ce alors même qu’une étude, publiée il y a quelques jours par Carbon Brief, a par ailleurs dévoilé que les émissions historiques de la Chine ont désormais causé plus de réchauffement climatique que les 27 États membres de l’Union européenne, faisant ainsi de l’Empire du Milieu l’un des principaux responsables historiques du changement climatique.

Dans le but de compléter les 300 milliards et atteindre les 1 300 milliards de dollars par an recommandés par les experts mandatés par l’ONU, l’accord final invite les pays non développés qui le souhaitent à fournir des contributions financières volontaires pour compléter. Autant dire que personne ne se bouscule au portillon. Petite nouveauté néanmoins : désormais, les financements climatiques des pays non développés accordés via des banques multilatérales de développement pourront être comptabilisés dans l’objectif des 300 milliards.

La nécessité d’investir la transition écologique

En règle générale, mis à part l’aide financière pour les pays en développement, il est nécessaire d’augmenter les financements dans tous les secteurs de l’économie pour accélérer l’action climatique et les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Investir dès maintenant de manière conséquente dans l’adaptation et la transition écologique permettrait également de faire des économies sur le long terme, et de réduire l’impact négatif du changement climatique sur l’économie mondiale. Selon le réseau mondial des banques centrales, le changement climatique fera chuter le PIB mondial de 15 à 20% d’ici 2050. Des chiffres trois plus élevés qu’à la dernière évaluation.

Le financement de la transition écologique est insuffisant, et ce, quels que soient les secteurs | © Courrier International

Les énergies fossiles : un sujet tabou

La combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) est responsable des trois-quarts des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Avec 37,4 milliards de tonnes, les émissions mondiales de CO2 provenant des combustibles atteindront un niveau record en 2024, soit une hausse de 0,8% par rapport à 2023. Les institutions et scientifiques sont clairs : pour respecter l’accord de Paris sur le climat, il est nécessaire (et urgent) de sortir des énergies fossiles. Même l’Agence internationale de l’énergie le dit. Mais si la mention de la transition vers la sortie des énergies fossiles a été inscrite l’année dernière dans le texte final de la COP28, elle brille depuis pas son absence.

Vers la fin de la sortie progressive des énergies fossiles ?

Dans le texte final de la COP29, toute mention explicite à la « transition » vers la sortie des énergies fossiles a presque entièrement disparu, notamment en raison du lobbying des Etats pétro-gaziers. Et le texte censé renforcer sa mise en œuvre n’a finalement pas été adopté lors de la séance de clôture de la COP29. Autre échec : le suivi annuel des efforts pour sortir du pétrole, du gaz et du charbon, défendu notamment par l’Union européenne, n’a pas été adopté. « Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on n’obtienne rien« , s’étrangle un négociateur européen.

Avant la COP, un rapport de l’ONG Oil change international estimait que les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et le Brésil (hôtes respectifs des COP28, COP29 et COP30 …) allaient augmenter leur production fossile de 32% d’ici 2035. Lors du sommet du G20, qui s’est tenu en parallèle des négociations de la COP29, aucune mention de la nécessité d’abandonner les énergies fossiles n’a été faite. Du côté de l’OCDE, qui s’est réuni du 18 au 20 novembre, si des discussions ont eu lieu quant à l’arrêt d’un soutien public aux énergies fossiles, ces dernières se sont soldées par un échec. Échec notamment dû à la Corée du Sud, qui s’est opposée à la restriction du soutien financier aux nouveaux projets de combustibles fossiles, et a bloqué les négociations. Une position critiquée par de nombreuses ONG.

Le 18 novembre 2024, place du Trocadéro à Paris, plusieurs ONG françaises (Stop Total, 350.org et Le Bruit Qui Court) se sont mobilisées pour mettre la pression à la Corée du Sud | © Lucile Mémin

Malgré tout, la société civile continue à se mobiliser, notamment via le site cop29.com, dont le nom de domaine a été “volé” à l’Azerbaïdjan par l’ONG global witness. Dans le même temps, l’idée d’un traité de non-prolifération des énergies fossiles, inspiré de celui concernant les armes nucléaires, fait petit à petit son chemin. Aujourd’hui, 14 nations ont rejoint l’appel, et 10 communautés indigènes du Pérou et de l’Équateur, l’Organisation mondiale de la santé et le Parlement européen ont approuvé l’idée.

Capture d’écran de la page d’accueil du site cop29.com qui a été détourné par l’ONG global witness pour dénoncer la responsabilité des entreprises fossiles dans la crise climatique et écologique

Les énergies renouvelables : la lumière au bout du tunnel

En parallèle, le développement des énergies renouvelables se poursuit. L’année dernière, lors de la COP28, 120 pays se sont fixés comme objectif de tripler leur production d’énergie renouvelable d’ici 2030. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, cet objectif pourrait être atteint, mais nécessite des efforts supplémentaires. Les pays se dirigent actuellement vers une multiplication par 2,7 de leur production d’énergie renouvelable d’ici 2030.

Les autres sujets abordés à la COP29

Quelques bonnes nouvelles

Vingt-cinq pays, dont le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Australie, se sont engagés lors de la COP29 à ne plus ouvrir de nouvelles centrales à charbon. Une très bonne nouvelle, notamment pour l’Australie, très gros producteur de charbon. L’engagement ne les oblige cependant pas à renoncer à l’extraction ni à l’exportation de charbon.

“La porte du charbon a été fermée. Maintenant, il faut la fermer à clé”

Erin Ryan, branche australienne du Climate Action Network

Autre bonne nouvelle, le Royaume-Uni s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 81% d’ici 2035 par rapport à 1990. Jusqu’à présent, son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre était de 68%.

Un accord controversé sur les crédits carbones

La COP29 a été l’occasion de fixer de nouvelles règles pour les crédits carbones, outils de compensation controversés.

Un accord a ainsi été trouvé pour fixer la méthodologie du système centralisé d’échanges de crédits carbones, ouverts à la fois aux entreprises et aux Etats. Un cadre méthodologique apprécié, alors que les crédits carbones pourraient rapporter 250 milliards de dollars par an ? Pas pour les ONG, qui dénoncent un accord en dehors des procédures réglementaires de la COP, avec des effets de bord dangereux sur les droits de l’Homme et en trompe l’œil, car détournant l’attention du financement public de l’action climatique.

Lors de la séance plénière ce samedi, les Etats ont également adopté de nouvelles règles pour les transactions carbones entre pays. Concrètement, les pays riches pourront désormais remplir leurs objectifs climatiques en payant des pays d’Afrique ou d’Asie au lieu de réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Si des experts craignent que ces mécanismes permettent aux États de se déclarer plus vertueux qu’ils ne le sont vraiment, créant un greenwashing à grande échelle, les pays en développement, eux, comptent grandement sur ces transactions pour obtenir des financements internationaux.

La question des femmes effacée d’un revers de manche

Les femmes, peu représentées lors des négociations climatiques, sont les premières victimes du changement climatique. Mais suite au refus de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, de la Russie, de l’Egypte et du Vatican, de nombreuses mentions relatives aux femmes ont été supprimées dans le programme de travail sur l’égalité des genres visant notamment à mieux intégrer les femmes aux politiques climatiques.

Face à l’échec, doit-on en finir avec les COP ?

Lobbyistes : la COP est pleine

Chaque année, c’est la même histoire : les lobbyistes et représentants des industries polluantes débarquent en masse aux COP. Si la COP29 n’a pas battu le record établi lors de la COP28, le nombre de lobbyistes n’en reste pas moins conséquent. Cette année, pas moins de 1 773 lobbyistes des énergies fossiles étaient accrédités, selon la coalition “Kick Big Polluters Out”.

Problème ? Un rapport publié par InfluenceMap et présenté à la COP29 montre que le lobbying de ces acteurs des énergies fossiles se fait de plus en plus actif pour orienter les choix en matière de politique climatique. Ces derniers font notamment émerger une nouvelle forme de climatoscepticisme visant à décrédibiliser la sortie des énergies fossiles, en exagérant les difficultés liées à la transition écologique, en jetant le doute sur la pertinence des énergies renouvelables, en ventant les solutions technologiques comme la capture du carbone et en présentant les énergies fossiles comme des énergies “bas carbone” ou “de transition”.

Le chiffre de 1 773 est d’ailleurs sûrement sous-estimé, car de nombreux lobbyistes voyagent au sein des délégations des pays et ne sont donc pas enregistrés comme tels. Le journal britannique The Guardian a ainsi révélé que près de 40% des lobbyistes du secteur alimentaire se sont rendus à la COP29 à Bakou dans le cadre de délégations nationales.

Les scientifiques craignent un recul de la place de la science dans les négociations sur le climat

La science est de plus en plus remise en question dans nos sociétés, et la COP29 ne fait pas exception. Les scientifiques qui ont assisté aux négociations de la COP29 sont inquiets et tirent la sonnette d’alarme. **

« Je n’ai jamais vu ce genre d’attaques envers la science », déplore Pamela Peterson, qui dirige un réseau de chercheurs, dont des glaciologues. La scientifique, qui participe aux COP depuis plus de 20 ans, voit des pays remettre en cause dans leurs formulations des consensus scientifiques. « Il y a une politisation de la science, presque une tentative de l’édulcorer. Pour moi, certains tentent de sortir la science pure des négociations. Mais si on n’arrive pas à se mettre d’accord sur la base même du changement climatique, alors comment peut-on l’affronter ? », demande Pamela Peterson.

Et si les COP n’étaient plus adaptées à l’urgence ?

Face aux textes trop peu ambitieux, à l’enlisement des négociations et à la présence toujours plus importante des lobbyistes, des voix s’élèvent et remettent en question la pertinence des COP telles qu’elles existent aujourd’hui.

Plusieurs leaders climatiques – dont l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon, l’ancienne responsable du climat de l’ONU Christiana Figueres et l’ancienne présidente de l’Irlande Mary Robinson – ont appelé dans une lettre ouverte à réformer les COP. Ils réclament notamment qu’un pays ne soit pas en mesure d’accueillir des négociations de l’ONU sur le climat s’il ne soutient pas l’élimination progressive des combustibles fossiles.

Si les 28 COP nous ont permis d’envisager une sortie progressive des énergies fossiles, la structure actuelle de ces sommets, ne permet tout simplement pas de réaliser le changement à une vitesse et à une échelle exponentielle, ce qui est essentiel pour garantir un atterrissage climatique sûr pour l’humanité. […] Nous devons passer de la négociation à la mise en œuvre”

Extrait de la lettre ouverte

Une autre critique que l’on pourrait adresser à la COP : les inégalités crées entre les délégations en raison du coût de la vie, et qui impactent directement la qualité des négociations. Prenons pour exemple la COP29. Alors que les négociations se sont prolongées, certaines délégations parmi les plus précaires ont dû se résoudre à partir, en raison du coût important des hôtels sur place et du prix conséquent pour modifier la date de leurs billets d’avion. Les privant ainsi de faire entendre leur voix lors des négociations finales, alors même que ces délégations sont les plus touchées par les effets du changement climatique (et les moins responsables).

Se dirige-t-on vers la fin du modèle des COP ? Si ces sommets internationaux ont le mérite de réunir autour de la table les différentes nations, même les plus polluantes, et de donner la parole aux nations les plus vulnérables, il est clair qu’une réforme s’impose. La suite au prochain épisode, lors de la COP30 à Belém, au Brésil, une ville gangrénée par la violence et la pollution.

“Sans les COP, nous serions probablement sur une trajectoire de réchauffement de +5°C au lieu de 2,5°C à 3 °C comme c’est le cas aujourd’hui”

Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition écologique, dans une interview aux Echos

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