Comment parler d’écologie avec ses proches de manière constructive ?

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PAR Marina Yakovlev

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débat noël

SOMMAIRE

A l’approche des fêtes de fin d’année, découvrez nos conseils pour parler d’écologie avec ses proches de manière constructive.

Le nombre de personnes climatosceptiques est en hausse en France. En 2023, 35% à 43% des Français réfutaient ou mettaient en doute l’existence du changement climatique (ou l’effet des activités humaines comme cause principale de celui-ci), contre 20% à 32% trois ans plus tôt.

Il est donc très probable que vous croisiez lors des fêtes de fin d’année un proche qui remette en question l’existence du changement climatique, la responsabilité des activités humaines, le bien-fondé de la transition écologique, la nécessité de sortir du modèle productivisme, ou bien la légitimité des actions des « écoterroristes ».

Voici quelques conseils pour parler d’écologie avec ses proches de manière constructive, inspirés du guide de conversation de « Faut qu’on parle », et de l’étude pour mieux parler d’écologie de Parlons Climat. Et pour répondre à certaines idées reçues sur le climat, c’est par ici !

Une conversation constructive, késako ?

Il s’agit d’écouter et de respecter la personne, tout en introduisant un nouveau point de vue qui pourrait créer un nouveau récit pour elle. Vous n’essayez pas de lui faire changer d’avis, mais plutôt de trouver un point sur lequel vous êtes tous les deux d’accord.

Ce n’est pas un débat qu’il faut gagner. D’ailleurs de nombreuses études sur le cerveau montrent que cette approche n’est pas efficace pour faire changer quelqu’un d’avis et a tendance à crisper les positions.

Pour parler d’écologie avec ses proches de manière constructive, il faut d’abord et avant tout s’assurer que l’on est en état de discuter avec quelqu’un. En effet, parfois, les disputes commencent lorsque nous sommes fatigués et que nous réagissons à quelque chose que nous n’attendions pas.

Avoir une écoute active et bienveillante

Développée par le psychologue américain Carl Rogers, l’écoute active est une technique de communication qui consiste à écouter avec attention ce que l’autre a à nous dire. L’écoute active s’appuie sur 9 principes : (1) Questionner, (2) Reformuler, (3) Synthétiser, (4) Faire silence, (5) Observer le langage corporel, (6) Ecouter les émotions, (7) Manifester de l’intérêt, (8) Montrer de l’empathie, et (9) Rester concentré.

L’écoute active permet de créer un espace de compréhension commune du sujet. Elle favorise également l’émergence d’idées intéressantes : lorsque nous savons que l’autre personne écoute ce que nous disons, nous nous détendons et prenons le temps de réfléchir à ce que nous disons.

Il faut donc laisser l’autre s’exprimer, et ne surtout pas répondre de manière méprisante ou moralisatrice. Il ne faut pas faire aux autres ce qu’on ne souhaiterait pas que l’on nous fasse.

Comprendre le point de vue de l’autre et se mettre à sa place

Pour comprendre le point de vue de la personne avec qui vous discutez, posez des questions, sans porter de jugement. « Pourquoi pensez-vous que c’est le cas ? Quelle en est la cause ? Avez-vous envisagé la question sous un autre angle ? ». L’idée est de comprendre son quotidien, ses peurs et ses convictions.

Il est également essentiel de trouver des points communs et des compromis. Insistez sur ce qui vous unit plutôt que sur ce qui vous divise.

S’appuyer sur le vécu et les expériences

Déverser des faits scientifiques peut parfois s’avérer contre-productif. Partager des histoires basées sur l’expérience aura beaucoup plus d’impact. Demandez-vous quelles sont les expériences spécifiques qui vous ont amené à voir les choses comme vous les voyez. Cela permettra à vos interlocuteurs de parler des expériences qui les ont conduits à leur propre point de vue.

Vous pouvez également vous demander en quoi le climat impacte votre quotidien, et surtout en quoi il impacte celui de votre interlocuteur, et jouer sur la proximité. Parler des inondations en France ou en Espagne, plutôt qu’en Asie ou aux Etats-Unis, ou de la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales plutôt qu’en Amérique Latine, touchera plus à votre interlocuteur.

Source : Parlons Climat

Utiliser des mots simples

Utiliser un vocabulaire trop technique peut nuire à la compréhension de son interlocuteur. L’utilisation d’un jargon (scientifique, mais aussi militant), même quand il est défini, diminue fortement l’engagement et l’intérêt. Le sentiment de votre interlocuteur de ne pas connaître suffisamment le sujet peut également s’en trouver renforcé, allant ainsi pleinement à l’encontre de l’objectif d’informer et d’engager. Il est donc important d’utiliser des mots simples, connus de tous.

Source : Parlons Climat

Adapter son discours en fonction de son interlocuteur

Connaître les valeurs de son interlocuteur et adapter son message en fonction, c’est la clé pour être entendu. Chaque mot est vecteur d’émotion, d’imaginaire et de réactions. Ils sont donc à peser et à choisir avec soin, pour renforcer l’efficacité du message en fonction du public et de l’objectif visé.

Si les narratifs ont des effets puissants, chaque mot peut venir jouer sur les perceptions. Le choix de la sémantique, également dans les termes plus techniques, a une influence sur la réception du message. Un mot ou un adjectif peut faire toute la différence.

Prenons pour exemple l’action pour lutter contre le changement climatique. Selon notre interlocuteur, on pourra parler de :

  • Guerre contre le changement climatique (risque, urgence, survie, mobilisation générale)
  • Course contre la montre face au changement climatique (urgence, rapidité)
  • Recherche de solutions face au changement climatique (expertise, innovation, avenir)
Source : Parlons Climat

Trouver le bon équilibre entre urgence et espoir

Les messages positifs, axés sur les solutions, l’impact individuel et la réduction des émissions mondiales, augmentent l’espoir, mais réduisent dans le même temps la perception des risques et ne provoquent pas suffisamment de passage à l’action.

À l’inverse, les messages alarmistes accélèrent les intentions d’adaptation au changement climatique et amplifient la perception des risques. Mais ces informations peuvent submerger certaines personnes qui se réfugieront plutôt dans l’immobilisme.

Un discours entre gravité et espérance semble donc être le compromis idéal pour faire prendre conscience de l’urgence et motiver le passage à l’action.

Source : Parlons Climat

Insister sur les liens étroits entre l’écologie, la santé, l’alimentation et l’économie

Plus le message nous concerne, plus nous sommes attentifs et capables de nous engager. Et quoi de plus proche que notre santé, notre alimentation ou la situation économique dans notre pays ?

La santé

Concernant la santé, vous pouvez mentionner l’effet des pesticides ou des polluants éternels sur notre santé. Vous pouvez également parler des liens entre élevage intensifs, déforestation et hausse des zoonoses, des morts causés par les catastrophes climatiques, du taux important de mercure dans le thon, de la pollution de l’air intérieur causée par le pétrole présent dans les bougies, ou encore de la concentration de microplastiques dans le saumon, dans les sachets de thé, ou dans les bouteilles en plastique. Microplastiques qui ont d’ailleurs été retrouvés dans quasiment tous nos organes, jusque dans les testicules ou le lait maternel.

L’alimentation

Sur l’alimentation, vous pouvez parler de la baisse de rendements agricoles en France en raison du changement climatique. Pour relier aux repas de fête, vous pouvez prendre l’exemple du secteur viticole, directement touché par les effets du changement climatique (de plus en plus d’installations de viticulteurs en Bretagne, viticulteurs du Sud de la France qui commencent à cultiver de l’Aloe vera, le cahier des charges des vins de Bordeaux qui a dû être modifié en 2021 à cause du changement climatique, …).

L’économie

Enfin, si la personne ne jure que par la croissance économique, vous pouvez lui rappeler les effets, qui se font déjà ressentir, du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité sur notre économie. Plus de la moitié du produit intérieur brut mondial dépend ainsi modérément ou fortement de la nature. Et le coût de l’inaction est beaucoup plus important à long terme que les investissements nécessaires pour réussir la transition écologique : l’action climatique permettrait d’économiser 1 000 milliards d’euros au sein de l’Union européenne.

Les co-bénéfices

Aussi, n’oubliez pas d’insister sur les co-bénéfices des actions en faveur du vivant. Privilégier la marche ou le vélo plutôt que la voiture, c’est bon pour la santé. De même, une alimentation végétarienne est bonne pour la santé et permet de faire des économies. La seconde main aussi, c’est économique ! Enfin, interagir avec la nature, et les plantes en particulier, comporte de nombreux bénéfices sur le plan psychologique et physique.

Jouer sur les normes sociales

Le sentiment d’appartenance est un vecteur fort d’engagement. En effet, plus on pense que les autres personnes sont concernées ou agissent, plus on va se sentir concerné ou agir soi-même. Cette corrélation est d’autant plus forte si l’on s’identifie fortement au groupe dont on perçoit l’implication sur le sujet.

Votre interlocuteur est un fan de rugby ? Le fait que lors de la coupe du monde de rugby en 2023 la plupart des trajets des équipes aient été fait en train plutôt qu’en avion le poussera peut-être à dire adieu à l’avion !

De même, si vous vous identifiez fortement à l’école que vous avez faite et que vous apprenez que de plus en plus d’alumni de cette école s’engagent, alors vous aurez bien plus tendance à vous investir pour le climat.

➡️ En conclusion, gardez en tête qu’il ne faut pas culpabiliser l’autre, que chaque geste compte, et qu’il vaut mieux 1000 écolos imparfaits que 1 écolo parfait !

💡 Et pour sensibiliser vos proches de manière ludique, vous pouvez participer avec eux à un atelier de sensibilisation type fresque du climat ou atelier 2 tonnes.

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