Quelques semaines seulement après la COP16 Biodiversité à Cali, l’IPBES a publié, non pas un, mais deux rapports essentiels qui mettent en lumière les menaces qui pèsent sur le vivant, leurs interconnexions, et la nécessité d’opérer des changements transformateurs pour y faire face.
Le premier, publié le 17 décembre, est un rapport d’évaluation sur les liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé (aussi appelé rapport Nexus). Ce rapport est le fruit de trois ans de travail par 165 experts internationaux. C’est l’évaluation scientifique la plus ambitieuse jamais entreprise sur ces interconnexions complexes. Il explore plus de 70 options de réponses spécifiques pour maximiser les avantages connexes à travers cinq « éléments nexus » : la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique.
Le second, publié le lendemain, est un rapport d’évaluation sur les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité et les déterminants des changements transformateurs et les options pour atteindre la vision 2050 pour la biodiversité (aussi appelé rapport sur les changements transformateurs). Il met en avant les changements profonds et fondamentaux dans la façon dont les individus perçoivent et interagissent avec le monde naturel qui sont nécessaires pour enrayer et inverser la perte de biodiversité et préserver la vie sur Terre.
🔎 Souvent décrite comme le « GIEC de la biodiversité », l’IPBES est un organisme intergouvernemental indépendant composé de près de 150 gouvernements membres. Créé par les gouvernements en 2012, il fournit aux décideurs politiques des évaluations scientifiques objectives sur l’état des connaissances concernant la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les contributions qu’ils apportent aux populations, ainsi que les outils et les méthodes permettant de protéger et d’utiliser durablement ces atouts naturels vitaux.
La biodiversité est en déclin à tous les niveaux, du mondial au local, et dans toutes les régions
Tous les indicateurs montrent un déclin de la biodiversité, de 2% à 6% par décennie, depuis au moins 30 à 50 ans. En France, 18% des espèces ont disparu et 78% des habitats sont dans un état de conservation défavorable. Le monde est en train de vivre sa 6ème extinction de masse (la dernière date de l’époque des dinosaures). En cause ? Les activités humaines : l’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources, le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives.
Le rapport sur les Nexus de l’IPBES souligne en outre comment les moteurs socio-économiques indirects, tels que l’augmentation des déchets, la surconsommation et la croissance démographique, intensifient les moteurs directs – aggravant ainsi les impacts sur toutes les parties du nexus.
À cela, vient s’ajouter les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, identifiées par le rapport de l’IPBES sur les changements transformateurs :
- La déconnexion des personnes à la nature ;
- Les relations de domination sur la nature et les personnes, en particulier celles qui sont apparues et ont été propagées à l’époque coloniale et qui persistent dans le temps ;
- La concentration inéquitable du pouvoir et de la richesse ;
- Les politiques inadéquates et les institutions inadaptées ;
- La priorisation des gains individuels et matériels de court terme ;
- Les modes de consommation et de production non durables, y compris les habitudes et les pratiques individuelles ;
- L’accès limité aux technologies propres et aux systèmes de connaissance et d’innovation non coordonnés.
L’effondrement de la biodiversité a un impact direct sur la santé, la résilience au changement climatique, la sécurité alimentaire, …
L’effondrement de la biodiversité a des conséquences directes (et désastreuses) sur la sécurité alimentaire et la nutrition, la qualité et la disponibilité de l’eau, la santé et le bien-être, la résilience au changement climatique et presque toutes les autres contributions de la nature à l’Homme.
Aujourd’hui, près d’un milliard de personnes vivent ainsi à moins de 100 km d’un récif corallien et en bénéficient en termes de nourriture, de médicaments, de protection contre les tempêtes côtières et l’érosion, de tourisme et de loisirs, et de moyens de subsistance. Or, comme le rappelle l’IPBES, 33% des espèces de coraux bâtisseurs de récifs sont en grand danger d’extinction.
Si les tendances actuelles « business as usual » des facteurs de changement directs et indirects se poursuivent, les résultats seront extrêmement mauvais pour la biodiversité, la qualité de l’eau et la santé humaine – avec une aggravation du changement climatique et des défis croissants pour atteindre les objectifs de la politique mondiale.
Les populations les plus vulnérables sont les plus touchées
Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des régions qui subissent les impacts les plus importants du déclin de la biodiversité, de la disponibilité et de la qualité de l’eau et de la sécurité alimentaire, ainsi que de l’augmentation des risques sanitaires et des effets négatifs du changement climatique.
Ces fardeaux affectent particulièrement les pays en développement, y compris les petits États insulaires en développement, les peuples autochtones et les communautés locales, ainsi que les personnes en situation de vulnérabilité dans les pays à revenu élevé.
🔎 41% des personnes vivent dans des zones qui ont connu un déclin extrêmement fort de la biodiversité entre 2000 et 2010, 9% dans des zones qui ont connu des fardeaux sanitaires très élevés et 5% dans des zones où les niveaux de malnutrition sont élevés.
Le coût économique de l’effondrement de la biodiversité
Notre économie est dépendante de la biodiversité
Plus de la moitié du produit intérieur brut mondial dépend modérément ou fortement de la nature. Dans le détail : 15% du PIB mondial dépend fortement de la nature, et 37% du PIB mondial dépend modérément de la nature. Dans le même temps, l’PBES démontre que les effets négatifs sur la biodiversité, l’eau, le climat et la santé des secteurs des combustibles fossiles, de l’agriculture et de la pêche, coûteraient 25 000 milliards de dollars. Soit le quart du PIB mondial.
Depuis 2021, le financement public des subventions nuisibles à l’environnement a augmenté de 55%, pour atteindre 1 700 milliards de dollars. À cela, vient s’ajouter les flux financiers annuels du secteur privé directement préjudiciables à la biodiversité, qui s’élèvent à 5 300 milliards de dollars. Ces financements persistent malgré les preuves de plus en plus nombreuses des risques biophysiques qui pèsent sur le progrès économique et la stabilité financière.
Les financements pour préserver la biodiversité sont insuffisants
En parallèle, les dépenses annuelles visant à améliorer l’état de la biodiversité, qui s’élèvent à 200 milliards de dollars, sont largement insuffisantes. En effet, le déficit de financement pour répondre aux besoins mondiaux en ressources pour la biodiversité est estimé pouvant aller jusqu’à 1 000 milliards de dollars par an. Et il faudrait au moins 4 000 milliards de dollars supplémentaires par an pour atteindre les ODD, en plus du déficit de financement de la biodiversité.
Agir pour la protection de la biodiversité représente également une opportunité économique. Une telle action pourrait générer, d’ici 2030, 10 000 milliards de dollars en opportunités commerciales et 395 millions d’emplois. A l’inverse, le fait de retarder les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs politiques augmentera les coûts de leur mise en œuvre. Un retard dans la réalisation des objectifs en matière de biodiversité, par exemple, pourrait doubler les coûts – tout en augmentant la probabilité de pertes irremplaçables comme les extinctions d’espèces.
L’approche systémique est la clé pour faire face aux diverses crises (environnementales, sociales, économiques)
Les crises environnementales, sociales et économiques – telles que la perte de biodiversité, l’insécurité hydrique et alimentaire, les risques sanitaires, les pandémies mondiales et le changement climatique – sont toutes interconnectées. Elles sont indivisibles, liées entre elles et interdépendantes. Comme elles sont intimement liées, lorsque l’un d’entre elle faiblit, les autres suivent. Elles interagissent, se répercutent en cascade et se combinent d’une manière qui rend les efforts isolés pour les résoudre inefficaces et contre-productifs.
🔎 Le prélèvement non durable d’eau douce, la dégradation des zones humides et la disparition des forêts ont diminué la qualité de l’eau et la résistance au changement climatique dans de nombreuses régions du monde, ce qui a un impact sur la biodiversité, la disponibilité de l’eau et de la nourriture, avec des conséquences pour les humains, les plantes et les animaux.
L’IPBES nous met en garde : si l’on cherche à maximiser les résultats d’une seule partie du nexus de manière isolée, il est probable que les autres éléments du nexus en pâtiront. Ainsi, le fait de se concentrer exclusivement sur le changement climatique peut avoir des conséquences négatives sur la biodiversité et l’alimentation, reflétant la concurrence pour les terres.
Le rapport Nexus de l’IPBES montre ainsi que les scénarios axés sur les synergies entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique ont les meilleurs résultats probables pour les ODD. Et que le fait de s’attacher à relever les défis dans un seul secteur – comme l’alimentation, la biodiversité ou le changement climatique de manière isolée – limite sérieusement les chances d’atteindre d’autres objectifs.
La sécurité alimentaire doit être repensée à l’aune de la biodiversité
De même, l’approche qui consiste à privilégier l’alimentation et qui donne la priorité à la production alimentaire a entraîné une intensification non durable de la production et d’une augmentation de la consommation par habitant. Ce qui a eu des effets négatifs sur la biodiversité, l’eau et le changement climatique.
Comme le rappelle l’IPBES, les impacts négatifs sur les éléments du nexus provenant des systèmes alimentaires ont diminué la biodiversité et par conséquent de nombreuses contributions de la nature aux populations, notamment par la diminution des contributions régulatrices (par exemple, la régulation de la qualité de l’eau et du climat) ; l’augmentation des risques de maladies non transmissibles ; les maladies infectieuses émergentes ; et les températures globales et autres changements climatiques.
L’adoption de pratiques agricoles durables (telles que l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’azote, la lutte intégrée contre les ravageurs, l’agroécologie, l’agroforesterie et l’intensification durable), la réduction des pertes et des déchets alimentaires, l’adoption de nouvelles sources d’alimentation humaine et animale et de régimes alimentaires sains et durables permettraient à la surface agricole actuelle de répondre aux besoins calorifiques et nutritionnels des générations futures à moyen et à long terme.
Au Niger, les rendements céréaliers et l’amélioration de la santé des sols et de la biodiversité dans certaines parties du centre-sud du Niger ont augmenté de 30% grâce à la régénération naturelle gérée par les agriculteurs de 5 millions d’hectares avec des arbres indigènes et des systèmes agroforestiers.
One Health : les écosystèmes, la santé animale et la santé humaine sont interconnectés
50% des maladies infectieuses émergentes et réémergentes ont été provoqué par des changements dans l’utilisation des terres, les pratiques agricoles et les activités qui empiètent sur les habitats naturels et entraînent une augmentation des contacts entre les animaux sauvages, les animaux domestiques et les humains. Cette hausse met en évidence les interconnexions entre l’écosystème, la santé animale et la santé humaine.
D’autres chiffres viennent nous rappeler le lien étroit qui existe entre notre santé et celle des écosystèmes. Ainsi, en 2019, 9 millions de décès prématurés (16 % de l’ensemble des décès) sont imputables à l’augmentation de la pollution de l’air et de l’eau. Et 58% des maladies infectieuses humaines connues sont susceptibles de s’aggraver en raison du changement climatique.
L’approche One Health, préconisée par le rapport Nexus de l’IPBES, soutient ainsi l’intégration de la gestion du système alimentaire et de la biodiversité aux services de santé locaux. Le but ? Réduire les risques liés à l’émergence et à la propagation à la source d’agents pathogènes zoonotiques, à la malnutrition et à d’autres risques tels que la santé de la faune, la production alimentaire et les écosystèmes.
💡 Le système de santé unifié du Brésil réunit ainsi des professionnels de la santé humaine, des vétérinaires et des praticiens de la santé environnementale. Ils travaillent ensemble avec des agriculteurs et des décideurs politiques pour concevoir des pratiques holistiques visant à aborder les déterminants sociaux et environnementaux de la santé et à contribuer à la prévention de l’émergence de pathogènes et des épidémies, tant pour les personnes que pour les animaux.
Plus de 70 réponse pour gérer les éléments du nexus de façon synergique
Le rapport Nexus de l’IPBES montre qu’il existe un nombre important de réponses – au niveau politique et communautaire – actuellement disponibles pour gérer durablement la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique, dont certaines sont également peu coûteuses. Les auteurs présentent ainsi plus de 70 « options de réponse » pour aider à gérer les éléments du nexus de façon synergique, représentant 10 grandes catégories d’action.
En voici quelques unes :
- Restauration des écosystèmes riches en carbone tels que les forêts, les sols, les mangroves ;
- Gestion de la biodiversité pour réduire le risque de propagation des maladies des animaux aux humains ;
- Amélioration de la gestion intégrée des paysages terrestres et marins ;
- Solutions urbaines basées sur la nature ;
- Régimes alimentaires sains et durables ;
- Soutien des systèmes alimentaires indigènes.
Les solutions fondées sur la nature doivent être au centre de nos stratégies
La restauration de la nature contribue à l’adaptation au changement climatique et à la résilience socio- écologique et peut également contribuer à l’atténuation du changement climatique lorsqu’elle cible le stockage du carbone dans les forêts, les tourbières, les herbiers marins, les marais salants et les écosystèmes marins et côtiers qui contribuent à la séquestration du carbone.
Les solutions basées sur la nature en milieu urbain qui augmentent les espaces verts et bleus urbains aident ainsi à gérer les effets de l’îlot de chaleur, à améliorer la qualité et la disponibilité de l’eau et à réduire la pollution de l’air, ainsi qu’à réduire les allergènes et le risque de zoonose.
De même, la restauration des mangroves sur certaines zones côtières du Sénégal permet d’améliorer l’alimentation locale en renforçant la pêche durable, permet de lutter contre l’érosion côtière, contre la malaria (en limitant les inondations) et joue sur la fertilité des sols en milieux humides.
Le changement transformateur comme boussole
Le rapport de l’IPBES définit le changement transformateur comme des changements fondamentaux à l’échelle du système des points de vue (façons de penser, de savoir et de voir), des structures (façons d’organiser, de réglementer et de gouverner), et des pratiques (façons de faire, de se comporter et d’interagir).
Les configurations actuelles dominantes des points de vue, des structures et des pratiques perpétuent et renforcent les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité et du déclin de la nature. Il est donc essentiel de les transformer pour respecter les engagements mondiaux en faveur d’un monde juste et durable.
Les principes et stratégies pour faire advenir un changement transformateur
Le rapport de l’IPBES identifie quatre principes pour guider un changement transformateur délibéré : (1) l’équité et la justice ; (2) le pluralisme et l’inclusion ; (3) les relations humaines-nature respectueuses et réciproques ; (4) et l’apprentissage et l’action adaptatifs.
Le rapport de l’IPBES sur les changements transformateurs présente également cinq stratégies clés pour faire avancer le changement transformateur délibéré pour la durabilité mondiale :
(1) Conserver, restaurer et régénérer les lieux qui ont une valeur pour les individus et la nature et qui illustrent la diversité bioculturelle. Cela inclut un accent sur les lieux de patrimoine bioculturel – où les actions fondées sur la territorialité, telles que les activités de restauration, peuvent également soutenir les valeurs culturelles, la production durable et la biodiversité.
(2) Impulser des changements systématiques et intégrer la biodiversité dans les secteurs les plus responsables du déclin de la nature, tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, le développement urbain, l’exploitation minière, l’exploitation des énergies fossiles …. Des études ont ainsi suggéré que l’augmentation de la biodiversité, la protection des habitats naturels et la réduction des intrants externes dans les paysages agricoles peuvent améliorer la productivité des cultures, en renforçant par exemple l’abondance et la diversité des pollinisateurs.
(3) Transformer les systèmes économiques pour la nature et l’équité. On l’a vu plus haut, les financements pour protéger et conserver la biodiversité sont insuffisants (et inférieurs aux financements nocifs). Le rapport propose ainsi d’internaliser les coûts environnementaux et d’utiliser une véritable comptabilité analytique, et de réformer les subventions dans les secteurs qui contribuent à la perte de biodiversité et au déclin de la nature. Il propose également de reconsidérer les dettes mondiales, d’établir la durabilité comme un principe fiscal de base, et d’inciter un plus grand engagement positif du secteur privé.
(4) Transformer les systèmes de gouvernance pour qu’ils soient inclusifs, responsables et adaptatifs. Pour ce faire, le rapport préconise d’intégrer la biodiversité dans les politiques sectorielles et la prise de décision, d’engager une plus grande diversité d’acteurs et de les responsabiliser.
(5) Changer les points de vue et les valeurs pour reconnaître l’interconnexion entre les individus et la nature. De nombreux comportements humains sont habituels, appris dans des conditions sociales et environnementales – et ils peuvent être changés. Ainsi, améliorer la visibilité des comportements souhaités et les soutenir par des mesures politiques ciblées peut catalyser et soutenir de nouvelles normes sociales et de nouveaux comportements. Il est également important de cultiver un sentiment de connexion avec la nature, ainsi que l’apprentissage et l’éducation transformatifs, les activités expérientielles basées sur la nature et la cocréation de connaissances en combinant différents systèmes de connaissances, y compris les connaissances autochtones et locales.
Tous les acteurs doivent participer au changement transformateur
Dans son rapport sur les changements transformateurs, l’IPBES insiste sur le fait que chaque personne et chaque organisation a un rôle à jouer pour créer des changements transformateurs à plusieurs niveaux. Mais l’IPBES rappelle dans le même temps que les coalitions d’acteurs et de groupes d’acteurs sont plus efficaces dans la poursuite d’un changement transformateur que les changements poursuivis individuellement. Ces coalitions comprennent les citoyens, les peuples autochtones et les communautés locales, les organisations de la société civile, les organisations non gouvernementales, les syndicats, les bailleurs de fonds, les organisations confessionnelles, les gouvernements à tous les niveaux, le secteur privé, les institutions financières et la communauté scientifique.
Le rapport de l’IPBES sur les changements transformateurs rappelle que les visions d’une vie en harmonie avec la nature ont plus de chances de réussir lorsqu’elles émergent d’approches inclusives, basées sur les droits et les processus des parties prenantes, et lorsqu’elles intègrent la collaboration pour le changement à travers les secteurs. Assurer une participation inclusive, par exemple en incluant les peuples autochtones et les communautés locales dans la coconception, la gouvernance et la mise en œuvre des options de réponse, peut également accroître les avantages et l’équité de ces mesures.
💡 Parmi les bons exemples, on peut citer les zones marines protégées qui ont associé les communautés à la gestion et à la prise de décision. Ces zones ont permis d’accroître la biodiversité, d’augmenter l’abondance de poissons pour nourrir les populations, d’améliorer les revenus des communautés locales et, souvent, d’augmenter les revenus du tourisme.
Les gouvernements
Les gouvernements, à tous les niveaux, se révèlent essentiels pour engager diverses coalitions d’acteurs étatiques et non étatiques. Ils sont de puissants catalyseurs du changement transformateur lorsqu’ils favorisent la cohérence des politiques, adoptent et appliquent des réglementations plus strictes en faveur de la nature et des contributions de la nature à la population dans les politiques et les plans des différents secteurs, déploient des outils économiques et fiscaux novateurs, éliminent progressivement ou réforment les subventions nuisibles à l’environnement et promeuvent la coopération internationale.
Les actions gouvernementales actuelles en faveur d’un changement transformateur sont compromises par une inadéquation entre l’ampleur des défis liés à la biodiversité et la compétence d’institutions distinctes et cloisonnées, ou par la durée de mise en œuvre des politiques par rapport à la durée entre les élections qui peuvent amener au pouvoir de nouvelles autorités politiques qui s’opposent à de telles politiques.
La société civile
La société civile joue des rôles importants et efficaces dans l’instauration d’un changement transformateur en mobilisant les citoyens, en créant des initiatives qui propagent le changement et en demandant aux gouvernements et au secteur privé de rendre compte de leurs pratiques néfastes. Le rapport constate qu’une manière de soutenir le changement transformateur est de soutenir et d’amplifier les initiatives de la société civile pour un monde juste et durable et de protéger les défenseurs de l’environnement contre la violence et les violations des droits.
Les populations autochtones
Les systèmes de connaissances autochtones et locales proposent en effet des philosophies, des éthiques de soins et de réciprocité, des valeurs et des pratiques qui permettent de façonner des approches de changement transformateur. Il s’agit notamment de l’utilisation de connaissances ancestrales, incarnées et expérientielles et de perspectives non-humaines de compréhension du monde, dans les décisions liées à la conservation. Les visions dans lesquelles les peuples autochtones et les communautés locales jouent un rôle significatif ont plus de chances de faire progresser le changement transformateur.
💡 Les systèmes alimentaires indigènes, fondés sur des visions du monde et des valeurs réciproques concernant l’équilibre entre l’Homme et la nature et l’utilisation durable de la biodiversité, fournissent des aliments durables et sains tout en contribuant à la conservation de la biodiversité et à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique.